Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je vous escrivis de Sault le IIme de ce moys, si bien me
2souvient, et croy que ma lettre vous sera esté rendue. Despuys jay veu la
3votre du Vme escrite par ensemble à messieurs d’Apt, de Cabanes et
4à moy, dont jay esté très ayse, car ayant seu que vous avyez eu quelques
5accès de fièvre, jestoys en peyne ; si vous en seriés quitte comme vous
6escrivés que vous lestes et mon neveu Charles dont jen loue Dieu et
7aussi de la bonne santé de madame de Gordes et du reste de votre
8compagnie. Par vosdites lettres et aussi par celles de monsieur d’Evenes,
9notre frère de Lyon le IIIIme, jay seu la convallescence de mon neveu
10de Laval de sorte qua ceste heure, je panse quil soit du tout bien
11guery et quil commance à se renforcer, Dieu luy en face la grace,
12tout ainsi que vous et tous nous desirons. Par tout ce pays y a un
13grand cours de grandes et griesves maladies. Si est ce que de tous
14ceulx qui vous appartiennent, je ne sache aucun malade que madame
15de La Coste qui a eu quatre ou cinq accès de fièvre tierce qui
16toutesfoys se diminuent fort. Monsieur de Cabanes alla hyer à
17Gordes et, en disnant, la fièvre le print ainsi que ma dit un des
18myens qui estoit là et en revint arsoir. D’aujourdhuy je nay point
19sceu de ses nouvelles, mais jen saurey par mon laquay que jenvoye
20à Gargas pour porter ceste lettre à madamoyselle de Caseneufve,
21laquelle vous faict une despeche par voye de la poste de Villeneufve.
22On na faict à Sault que la veriffication des meubles contenus en
23linventaire que monsieur d’Aubignan avoit faict faire ; et comme on vouloit
24vacquer à ouyr les comtes, monsieur de La Coste feut le IIIIme
25constraint de partir pour aller à Marseille faire monstre au chateaudif ;
26laquelle il a faicte pour deux cartiers et quant ausdits comtes le
27tout feut sursoyé et remis à Lurmarin au XXme, que sera après
28demain. En ce pays, on est hors de doubte de guerre pour quelque
29temps pource que on a certaines nouvelles que larmée de Don Jan
30d’Austrie a prins la route de Levant. Si est ce quil y a lettres patentes
31[v°] du roy données à Paris en juillet par lesquelles est mandé que chasque
32feu ait à porter à Marseille une charge de bled, dautant que sa magesté
33est advertie de plusieurs entreprises quon faict sus ladite ville. Jay veu
34lettres de Rome du XXVme, je ne scay si de juin ou juillet, par lesquelles
35on escrit que larmée venitienne avoit pris Castelnovo et mis en pièces
36tout ce qui se trouva dedans et des dix gallères turquesques qui
37venoyent au secours, les cinq avoyent estées mises à fond et les autres
38cinq prinses et menées à Venise. Quest tout ce que je vous puys
39escrire, après mes très humbles recommandations à votre bonne grace
40et à celles de madame de Gordes, de mes neveus et nièce, en
41priant Dieu
42Monsieur, quil vous doint la sienne, accompaignée de longue et
43contante vie. D’Apt, ce XVIIIme aoust 1572. Je suys très ayse
44monsieur le president Truchon soyt remis en bonne santé, Dieu le luy
45Votre bien humble et obeissant frère
47Baptiste de Simienne